Témoignages et textes sur la vie avec un blanc

Ca y est, je suis à quelque mois de mes 40 ans, et toi tu viens de dépasser les 10. Je n'aime pas cette petite pensée qui m'envahit parfois, hélas de plus en plus souvent, même si tu vas bien je sais que le temps avance inexorablement. Bien sur on a encore la pêche, mais je le sens, on crie un peu moins fort, on court un peu moins vite et on va un peu moins loin. On en a vécu des choses toi et moi, tu as été le premier témoin de tout ce qu'elles m'ont fait, de tout ce que je leur ai fais aussi. Heureusement que tu n'as pas la parole tu pourrais m'en réclamer des os à mâcher pour acheter ton silence. En tout cas je t'aime mon chien, mon frangin, mon meilleur ami. J'ai encore eu droit à cette phrase à la con aujourd'hui, tu sais, celle qui dit que les gros chiens de race comme toi ne dépassent que rarement les 14 ans. Ils savent pas ce que ca me fait d'entendre ça alors je leur pardonne. Je veux t'écrire de ton vivant tout ca, même si tu ne sais pas lire, je suis certain que tu peux le ressentir. C'est vraiment merdique cette histoire de durée de vie, t'es tellement irremplaçable mon beau. Si tu savais comme je suis fier d'être à tes côtés quand on se balade ! Tous les regards et toutes les exclamations sont pour toi. Je n'echangerai pas le moindre des souvenirs avec toi contre quelquonque fortune. J'ai pas l'impression d'avoir l'âge que j'ai, d'ailleurs je ne donne pas vraiment cette impression, mais quand je me retourne et que je vois tout ce qu'on a vécu toi et moi, c'est fou. Toute cette route qu'on a avalé, ces photos pour lesquelles on a posé, ces sorties à la mer, à la montagne, même le cagnard de Marseille on l'a affronté à deux. Continue d'aller bien le plus longtemps possible, je te le demande comme un service même si tu ne me dois rien, je serais la au dernier jour c'est juré. Tu sentiras jusqu'à ton dernier souffle la chaleur de mes bras, la douceur de mon regard quand il se pose sur toi ainsi que ma tristesse qui sera mon dernier hommage à l'être que tu es. Allez, amène moi ta balle encore et profitons pleinement de ces années qu'on a encore.

François Xavier, novembre 2020